tout savoir sur le nom des étoiles des constellations

Et bien, mon pote, le nom des étoiles, c'est (c'était on peut presque dire) pas simple… Plusieurs étoiles ont un nom propre, comme Rigel dans Orion, ou Véga dans la Lyre, le plus souvent dérivé de l’arabe, ou parfois du latin.

Il y a aussi d'autres dont l’orthographe varie d’un livre à l’autre (Véga ou Vega? Altaïr ou Altair?), ou qui ont une multiplicité des noms pour elles seules (η UMa s’appelle Alkaïd ou Benetnash?), sans compter des noms obscurs que l’on n’a pas nécessairement entendus avant ou des erreurs de translittération ou de transcription. Je te passe les détails pour que ta cervelle ne fume pas déjà.

Alors, un avocat, passionné d'astronomie, Johann Bayer (Rain, Donau-Ries, Bavière, 1572 – Augsbourg, 7 mars 1625) a décidé de mettre de l'ordre dans tout ça et a publié l’atlas céleste Uranometria, à Augsbourg en 1603, toujours valable de nos jours.

Ce n’était pas le premier atlas céleste, et ce fut loin d’être le dernier (il fut d’ailleurs reproduit en   1627 sous le titre de Cœlum stellarum christianum), mais Uranometria avait quelques points    spéciaux :

- c’était le premier atlas couvrant toute la sphère céleste;

- il introduit 12 nouvelles constellations dans le ciel extrême-sud (inconnu de Ptolémée, et des Grecs et Romains en général);

- il comporte 51 cartes – 48 pour les constellations de Ptolémée, 1 pour le ciel extrême-sud, et 2 planisphères;

- il utilise les observations de Tycho Brahe et, pour le ciel du sud, celles de Pieter Dirkszoon Keyser et Frederick de Houtman;

- il introduit ce qui est depuis appelé les «désignations de Bayer» (à l’origine, pour un total de 1564 étoiles);

- ce serait le premier livre d’astronomie imprimé avec la nouvelle technique de Gutenberg.

Grosso modo, le système de Bayer est simple : chaque étoile d’une même constellation est

désignée par une lettre grecque, essentiellement de la plus brillante à la moins brillante. On a

donc α pour la plus brillante, β pour la deuxième plus brillante, etc.

Il y a des exceptions et le système est limité à 24 étoiles, puisqu’il n’y a que 24 lettres grecques

(sans compter les accents et diacritiques, comme ό ou ώ, ou encore ἔ) : la solution de Bayer est

d’utiliser des lettres latines minuscules; on a donc des noms d’étoiles comme s Carinae ou d

Centauri.

Quand ce n’est toujours pas assez, Bayer utilise des lettres latines majuscules : la dernière

utilisée est Q.

Il y a plusieurs raisons à cela : premièrement, Bayer n’a pas les instruments de mesure précis

d’aujourd’hui, et ne peut donc pas déterminer exactement l’éclat d’une étoile donnée. Donc,

Bayer classe les étoiles par tranche de magnitude (étoiles de magnitude 1, étoiles de magnitude

2, etc.) et «va au pif» dans ce qu'il peut observer.

En fin de compte, il y a au moins 30 constellations pour lesquelles α N’EST PAS l’étoile la plus

brillante! Même que de celles-ci, quatre n’ont carrément pas d’étoile α du tout.

Il y a eu aussi quelques évolutions. Quand l’Union astronomique internationale a

déterminé les frontières des constellations en 1930 (plus de 325 ans après

Uranometria!), certaines étoiles ont carrément changé de constellation.

Ainsi, δ Peg est devenue α And, et Pégase n’a donc plus aujourd’hui d’étoile δ;

même chose pour γ Aur, qui est devenue β Tau, et γ Sco devenue σ Lib.

Quand on écrit la lettre en grec, on doit utiliser l’abréviation de la constellation : α CMa et non

α Canis Majoris.

Inversement, si on écrit l’abréviation de la constellation, on doit écrire la lettre en grec et pas

son nom : α CMa et non Alpha CMa.

Si on écrit le nom de la constellation au long (cas génitif), on doit écrire le nom de la lettre

grecque, avec une majuscule initiale : Alpha Canis Majoris.


Quelques précisions supplémentaires :

Sur les quelque 5 000 étoiles qui sont visibles à l'œil nu, seules quelques centaines portent un

nom, et moins de 60 sont couramment utilisées par les navigateurs ou les astronomes. Quelques

noms proviennent presque directement du grec, comme Procyon, Canopus et Antarès, ce

dernier étant dérivé d'« anti-Arès », ou « rival de Mars », à cause de sa couleur rouge. Les

étoiles Sirius (« torride ») et Arcturus (« le gardien de l'ours ») sont mentionnées à la fois par

Homère et par Hésiode (VIIIème siècle av. J.-C. ?). Aratos nomme également ces étoiles ainsi

que celles de Procyon (« qui précède le chien »), Stachys (« l'épi de maïs », à présent Spica), et

Protrugater (« l'annonceur des vendanges », latinisé en Vindemiatrix).

Le préfixe al présent dans de nombreux noms d'étoiles indique leur origine arabe : dans cette

langue, al correspond en effet à l'article défini « le » ou « la » : ainsi, Aldébaran (« le suiveur »),

Algenib (« le flanc »), Alhague (le charmeur de serpent ») et Algol (« le démon »). Albireo, dans

la constellation du Cygne, constitue une exception manifeste ; son nom vient probablement d'une

déformation des mots ab ireo dans la première édition latine de l'Almageste, en 1515. La plupart

des noms d'étoiles sont en fait arabes et sont souvent des traductions des descriptions grecques.

Les étoiles d'Orion illustrent les diverses dérivations : Rigel, qui vient de rijl al-Jawzah, « la jambe d'Orion », Mintaka, qui signifie

« la ceinture », et Saïph, « l'épée », correspondent aux descriptions de Ptolémée ; Bételgeuse,

tiré de yad al-Jawzah, qui n'a pas été décrite par Ptolémée, signifie « main d'Orion » ; Bellatrix, « la guerrière », est peut-être la traduction latine d'un nom arabe, an-najid, « le conquérant », ou une modification d'une autre dénomination d'Orion. Seuls quelques noms ont des origines récentes. Ainsi, Cor Caroli, l'étoile la plus brillante de la constellation des Chiens de chasse, a été nommée en 1725 par Edmond Halley.


Ça va, ta cervelle n'explose pas ? Super !


Allez, on peut dire en résumé de tout cela :


Les étoiles les plus brillantes reçurent notamment des arabes, au Moyen Âge, des noms propres que l’usage a conservé.  En 1603, l’astronome allemand Bayer eut l’idée d’introduire une nomenclature simple et rationnelle, utilisant les lettres de l’alphabet grec :

 

 













A quelques exceptions près, dans chaque constellation, l’étoile la plus brillante est désignée par α, celle d’éclat immédiatement inférieur par β, puis γ et ainsi de suite. Lorsque l’alphabet grec est épuisé, on utilise l’alphabet latin, puis les nombres. Encore ne parvient-on ainsi qu’à désigner les étoiles visibles à l’œil nu (environ 3000 pour les deux hémisphères).

Le nom officiel d’une étoile s’obtient en faisant suivre la lettre qui désigne cette étoile du génitif du nom latin de la constellation à laquelle elle appartient (α Lyrae pour Véga).

Les étoiles d’éclat plus faible, révélées par les lunettes et les télescopes, sont désignées seulement par leur numéro d’ordre dans des catalogues de référence.