Record

Jamais encore les astrophysiciens n'avaient détecté un tel monstre : un trou noir de 40 milliards de fois la masse du Soleil, le record absolu. Il se trouve au centre de Holmberg 15 A, une galaxie supergéante, située dans l'amas de galaxies Abell 85, situé à 700 millions d'années-lumière de la Voie lactée, notre galaxie. En comparaison, cette dernière a un trou noir de 4 millions de masses solaires… c'est-à-dire 40 mille fois moins que celui de Holmberg 15A.


Dynamisme galactique

Les trous noirs de ce type baptisés de manière générale "supermassifs" rassemblent au moins plusieurs millions de fois la masse du Soleil et logent au cœur des galaxies. Leur présence assure le dynamisme de la galaxie : grâce à leur masse importante, ils accélérèrent et attirent le gaz et les étoiles de toute la galaxie, favorisent les collisions entre étoiles et assurent ainsi la dynamique globale de l’astre.


La masse du monstre déterminée par la vitesse des étoiles alentour

Comme l’indique leur résultat proposé à la revue Astrophysical Journal  la méthode utilisée par les chercheurs pour déterminer cette masse est basée sur l’observation des étoiles aux alentours du monstre. En effet, ces astres extrêmement compacts que sont les trous noirs n’émettent aucune lumière, mais leur champ gravitationnel intense imprime une grande vitesse aux étoiles qui gravitent autour d’eux, ces étoiles sur le point d’être déchiquetées et avalées. C’est donc en mesurant la vitesse de celles-ci que les astrophysiciens sont parvenus à estimer la masse du monstre. Leurs observations ont eu lieu au VLT, le Très grand télescope de l’Observatoire européen australe (ESO) situé dans le désert d’Atacama au Chili en utilisant l’instrument MUSE (explorateur spectroscopique multiple), dont la fabrication a été pilotée par le Centre de recherche astrophysique de Lyon. Les signataires de l’article, au vu du gigantisme de ce trou noir, estiment que Holmberg 15 A est le résultat de la collision entre deux galaxies, ayant entraîné la fusion de leurs trous noirs supermassifs.


Voir les images que Chandra a observé en rayons X sur l'amas de galaxies Abell 85 qui contient la

galaxie elliptique géante Holmberg 15A où se trouve le trou noir supermassif Holm 15A*



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À ce jour, la théorie de la relativité générale reste la meilleure théorie de la gravitation connue. Elle trône toujours au-dessus des nombreuses alternatives qui ont été proposées à la théorie relativiste de la gravitation découverte il y a plus d'un siècle par Albert Einstein. Ses prédictions les plus spectaculaires concernent, dans le désordre, la théorie du Big Bang, les ondes gravitationnelles et les trous noirs.


De ces astres compacts, que l'on peut considérer comme des solitons du champ de gravitation et dont les connexions avec la physique des particules élémentaires sont sans aucun doute très profondes mais aussi très mystérieuses, on ne connaît aucune limite à leur taille et à leur masse dans le cadre de la théorie d'Einstein. En fait, notre univers lui-même pourrait, dans un certain sens, être l'intérieur d'un trou noir associé à un espace-temps bien plus grand que celui de notre univers observable.


Si l'on tente de compléter la théorie de la relativité générale par sa version quantique - qui reste élusive -, des considérations générales et donc sans doute robustes laissent penser que les plus petits trous noirs possibles sont de l'ordre de la fameuse longueur de Planck. Et qu'ils participent à l'apparition et la disparition en particulier de paires de trous noirs virtuels microscopiques chargés, à l'instar des paires de particules et d'antiparticules en théorie quantique des champs.


Toujours est-il que les observations des astronomes nous ont fait découvrir l'existence des trous noirs supermassifs au cœur des grandes galaxies, qu'elles soient spirales ou elliptiques. Certains de ces trous noirs dépassent le milliard de masses solaires. Le record, mais avec des estimations indirectes, est pour l'instant détenu par TON 618 (66 milliards de masses solaires), un quasar qui est situé à proximité du pôle Nord galactique dans la constellation des Chiens de chasse, à 10,4 milliards d'années-lumière de la Terre.


Le record de masse déterminée directement pour un trou noir

Mais aujourd'hui, une équipe d'astronomes principalement de l'Institut Max-Planck de physique extraterrestre, situé à Garching bei München (à côté de Munich), vient de mettre en accès libre sur arXiv un article dans lequel les chercheurs annoncent la découverte du trou noir supermassif le plus important connu via une mesure, directe cette fois, de sa masse. Il est au centre d'une galaxie elliptique supergéante située à environ 700 millions d'années-lumière de la Voie lactée. Elle se nomme Holmberg 15A (Holm 15A) en référence à son découvreur le célèbre astronome et cosmologiste suédois Erik Holmberg, connu par ses travaux de pionnier sur la simulation analogique des interactions entre galaxies.


Techniquement, Holm 15A est un exemple de ce que l'on appelle en anglais une Brightest Cluster Galaxy, ou BCG. Basiquement, une BCG est définie comme la plus brillante galaxie dans un amas. Certaines d'entre elles sont les plus massives que l'on connaisse dans le cosmos observable. Elles peuvent contenir plusieurs dizaines de fois la masse de la Voie lactée. Il s'agit généralement de galaxies elliptiques. On les trouve à proximité du centre géométrique et cinématique de l'amas galactique, là où l'on trouve aussi le maximum des émissions de rayons X associées au gaz intergalactique chaud d'un amas. Ainsi, Holmberg 15A est la BCG de l'amas de galaxies Abell 85.


La masse de Holm 15A* a été estimée à partir d'une méthode d'analyse de la distribution des positions et des vitesses des populations d'étoiles en orbite autour de ce trou noir supermassif. Cette distribution a été obtenue en étudiant les étoiles à l'aide de l'instrument Muse du VLT. Les calculs montrent que cette distribution correspondrait à une masse d'environ 40 milliards de fois celle du Soleil pour ce trou noir. La taille de l'horizon des évènements associé est absolument gigantesque. Pour tenter de s'en faire une idée rappelons que Pluton est, en moyenne, à 39,5 unités astronomiques (UA) du Soleil. Or, le rayon de Schwarzschild de Holm 15A* serait d'environ 790 UA, soit 10.000 fois plus que celui du trou noir central de la Voie lactée Sgr A*.


Ces déterminations sont d'importance car elles pointent directement vers un scénario de formation des trous noirs supermassifs et en particulier dans le cas de Holm 15A*. Il est trop massif par rapport à la luminosité du cœur de la galaxie Holmberg 15A, lequel est d'ailleurs anormalement peu brillant. Tout s'explique dans le cadre du modèle des collisions entre galaxies elliptiques géantes suivies de la fusion de leurs trous noirs supermassifs respectifs.


La collision aurait alors conduit à éjecter bons nombres d'étoiles du cœur de la galaxie géante formée sur des orbites très, très elliptiques, dépeuplant en quelque sorte celui-ci.



Voir les images que Chandra a observé en rayons X sur l'amas de galaxies Abell 85 qui contient la

galaxie elliptique géante Holmberg 15A où se trouve le trou noir supermassif Holm 15A*


IN-CRO-YABLE !!

Un monstre de l'espace. Le «Très Grand Téléscope» de l'Observatoire européen austral (ESO), situé au nord du Chili et destiné à étudier les astres, a détecté le trou noir le plus massif jamais recensé par mesure directe à ce jour.

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