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Les ondes gravitationnelles, découverte…
une révolution pour l’astronomie
C'est un événement extraordinaire, qui n'arrive jamais, ou presque.
C'est un événement extraordinaire, qui n'arrive jamais, ou presque. Un événement que personne n'a jamais vu. Et pour cause : la chute vertigineuse l'un vers l'autre, puis la collision et la fusion de deux trous noirs, cela n'intervient qu'une fois tous les dix millions d'années dans une galaxie comme la nôtre, et le phénomène est absolument, irrémédiablement invisible...
Et c'est pourtant cet improbable cataclysme que les physiciens de l'observatoire américain Ligo annoncent aujourd'hui avoir observé, dans une galaxie lointaine et inconnue située à 1,3 milliard d'années-
Car la fusion, durant quelques centièmes de seconde et à la vitesse de la lumière, de ces deux trous noirs n'a pas été observée avec un télescope ou un radiotélescope, qui perçoivent la lumière visible et ses dérivés, rayons gamma et X, ultraviolet, infrarouge et rayonnement radio, c'est à dire le rayonnement électromagnétique, première fenêtre ouverte sur le cosmos depuis... la nuit des temps, ni dans le domaine des neutrinos, seconde fenêtre entre ouverte en 1968, mais dans le domaine... gravitationnel, un rayonnement jamais observé jusqu'ici.
C'est Ligo, l'observatoire américain d'ondes gravitationnelles, et ses deux immenses interféromètres de Hanford et Livingstone, situés à 3000 kilomètres l'un de l'autre, de part et d'autre des Etats-
Une observation magistrale, incontestable : les deux signaux sont pratiquement identiques et ont été enregistrés à 7 millisecondes d'écart, signalant par là la direction de l'onde gravitationnelle, provenant de quelque part, dans le ciel du sud… C'était le 14 septembre 2015, et aussitôt tous les télescopes du monde se sont tournés vers cette région immense du ciel – grande comme 2500 Pleine Lune environ... Ces télescopes traditionnels n'ont rien vu : la fusion des deux trous noirs n'a laissé aucune trace, malgré l'énergie immense produite durant moins d'une demie seconde...
Que s'est-
Le phénomène a été baptisé GW150914, et il est est entré dans l'histoire de l'astronomie. Car en une demi-
Comme on l’a vu dans la page d’où tu viens, les ondes gravitationnelles ont été prédites par Albert Einstein voici un siècle exactement, dans sa théorie de la relativité générale. Pour le génial physicien, il s'agit des déformations de la trame de l'espace-
La preuve – mais indirecte -
En observant le pulsar double PSR B1913+16, ces astronomes montrèrent en effet que les deux étoiles à neutrons du couple chutent progressivement l'une vers l'autre, la déformation de l'espace-
Car les ondes gravitationnelles, on a cherché à les détecter, dès 1960. Et à la fin du XX e siècle, les scientifiques ont mis les bouchées doubles, en construisant trois immenses instruments, Ligo et Virgo. Des instruments identiques dans leur principe : il s'agissait de mesurer avec une précision absolue la distance entre deux masses tests, afin de détecter l'éventuelle passage d'une onde gravitationnelle, celle-
Décrit comme cela, ça à l'air tout simple, mais en réalité, cette expérience de physique était un pari fou... Car des quatre « forces de la nature » l'électromagnétisme, les champs nucléaires fort et faible et la gravitation, cette dernière est de très loin la plus faible : la gravitation est cent milliards de milliards de milliards de milliards (10 puissance 38) de fois plus faible que la force nucléaire qui lie les noyaux atomiques... La gravitation ne se fait sentir qu'en présence de masses considérables, comme les planètes, les étoiles, les trous noirs...
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Les ondes gravitationnelles, qui font frissonner l'espace-
En revanche, les astres tout à la fois denses, compacts et en interaction peuvent émettre une quantité considérable d'énergie sous forme gravitationnelle : le pulsar double PSR B1913+16, avec ses deux étoiles à neutrons qui se tournent l'une autour de l'autre à la vitesse de 450 kilomètres par seconde, émet environ 10 puissance 24 watts, cela représente 2 % de la puissance rayonnée du Soleil... Quant à la fusion de deux trous noirs, comme celle qu'a observée Ligo, elle dépasse 10 puissance 50 watts, c'est à dire environ cinquante fois l'énergie produite sous forme de lumière par... l'Univers entier.
Mais les ondes gravitationnelles, comme les rides de l'eau d'un lac provoquée par la chute d'une feuille, s'amortissent progressivement... Et le lac cosmique est infini ou presque : de fait, les ondes gravitationnelles attendues par Ligo ou Virgo sont incroyablement ténues : l'espace, dans l'intervalle des miroirs des interféromètres, doit s'allonger – et se contracter dans l'autre bras perpendiculaire – de 10 puissance moins 19 mètre, soit du dix millième du diamètre d'un proton. On comprend, dès lors, que les interféromètres détectent avant tout du bruit de fond... Rumeurs de la Terre, mouvement des vagues lointaines, des masses atmosphériques, des voitures passant au loin, d'une petite souris grattant la terre sous l'interféromètre... Discriminer le signal, d'une ténuité surréaliste, des ondes gravitationnelles, du bruit ambiant, tel était le défi fou des ingénieurs et physiciens, de part et d'autre de l'Atlantique...
Pari gagné par l'équipe de Ligo, donc et son instrument rénové en 2015, appelé désormais Advanced Ligo. Advanced Ligo a commencé à observer en septembre 2015, avec en particulier un « run » d'observation de soixante heures d'affilée des deux antennes ensemble, une première. De son côté, Advanced Virgo va entrer en service dans quelques mois.
C'est à cette occasion que, à leur immense stupéfaction, les ingénieurs et physiciens de l'équipe Ligo ont repéré, dans les données de leurs interféromètres ultra-
Cette observation extraordinaire ouvre probablement une nouvelle ère de l'astronomie et de la physique. Les chercheurs espèrent, dans les mois qui viennent et avec la mise en route de Advanced Virgo, pouvoir, avec les trois instruments de Ligo et Virgo ensemble, détecter et repérer plus précisément de nouveaux événements gravitationnels : explosions de supernovae, fusions d'étoiles à neutrons, fusion de trous noirs... Si ces événements sont rarissimes, le volume d'espace gigantesque embrassé par Ligo et Virgo promet, en principe, de nombreuses observations par an. Alain Riazuelo, chercheur à l'Institut d'Astrophysique de Paris, spécialiste de la modélisation des trous noirs, est optimiste : « Les anciennes versions de Ligo et Virgo n'avaient peut-
L'astronomie gravitationnelle promet d'observer les événements les plus violents de l'Univers, jusqu'ici demeurés invisibles : cœur d'étoiles supergéantes s'effondrant en trous noirs, fusions d'étoiles et fusions de trous noirs, chutes d'étoiles dans des trous noirs, ou encore fusions de trous noirs galactiques... Un rêve de physicien : comprendre mieux les trous noirs et leurs propriétés étranges, découvrir, peut-
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Article extrait de Science&Vie et écrit par Serge Brunier le 11 février 2016