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constellation de l'Aigle en savoir plus

   A la frontière de la Voie lactée, L'Aigle est une ancienne constellation (qui s'appelait jusqu'au début du XXe siècle, Antinoüs et l'Aigle), au mieux de sa visibilité les soirs d'août et septembre, et dont l'astre le plus marquant est Altaïr. C'est la douzième étoile la plus brillante du ciel nocturne, et la plus méridionale des trois étoiles repères du ciel d'été dans l'hémisphère nord (Triangle de l'été : Véga, Deneb, Altaïr).


Altaïr est une étoile de type spectral A7 (blanc-bleutée), éloignée de 16,77 années-lumière et dont la masse est de 1,75 masses solaires. A la distance du Soleil, Altaïr brillerait dix à onze fois plus que lui, avec un diamètre moyen seulement 1,58 fois supérieur à celui de notre étoile. Altaïr possède une vitesse de rotation très élevée (plus de 200 km/s à l'équateur), un tour complet en 6 heures et demie, contre 26 jours environ pour le Soleil. On suppose que la force centrifuge peut expliquer la forme très fortement aplatie de l'astre : des mesures interférométriques publiées en  2001 lui confèrent un diamètre à l'équateur deux fois fois supérieur à son diamètre polaire. Elle ressemble à Sirius (Grand Chien) et se révèle assez proche de la séquence principale, pour qu'on ait longtemps cru qu'elle y appartenait. Des études plus détaillées ont cependant montré que ses caractéristiques auraient pu aussi la placer dans la catégorie des delta scuti, ces variables pulsantes de très faible amplitude et courte période. Les oscillations escomptées n'étaient cependant pas au rendez-vous, et le mystère demeurait sur le statut exact d'Altaïr jusqu'à de nouvelles observations effectuées du 18 octobre au 12 novembre 1999 (et publiées seulement en mai 2004) à l'aide des instruments du satellite Wire (Wide-field infrared explorer) qui y ont découvert sept modes de pulsation (avec des périodes comprises entre 40 et 50 minutes). Les variations d'éclat, elles sont infimes. La magnitude apparente d'Altaïr reste toujours très proche de 0,76, et sa magnitude absolue  de 2,2.

Deneb Okab (à ne pas confondre avec Deneb, dans le Cygne) est une étoile chaude de type A5. Éloignée de 50 années-lumière, elle est de magnitude absolue 2,43 (soit 9 fois plus lumineuse que le Soleil) et nous apparaît de magnitude 3,36. Des variations d'une période de 4 heures environ dans son spectre suggère une petite pulsation de son enveloppe. La modulation du mouvement propre montre qu'il existe également un compagnon (non visible directement) dont la période est de 3,42 ans.


Dzêta Aquilae est une étoile massive bleue de type A0 V, de magnitude visuelle 2,99 et de magnitude absolue 0,96. Située à 84 années-lumière, elle brille 35 fois plus que le Soleil. La largeur inhabituelle de ses raies spectrales suggère une rotation rapide. Un compagnon très faible (révélé seulement par les gros instruments) tourne autour de cette étoile en une période qui pourrait être de plusieurs siècles.


Thêta Aquilae est de spectre B9.5 III et éloignée de 300 années-lumière. Elle nous apparaît de magnitude 3,24, mais brille comme 300 soleils (magnitude absolue -1,48). Il s'agit d'une binaire spectroscopique dont la période est de 17,124 jours. Les deux étoiles circulant sur une orbite très allongée sont séparées de 25 millions de kilomètres.


Lambda Aquilae brille cinquante fois plus que le Soleil. Sa magnitude absolue est de 0,51. A 130 années-lumière de nous, elle apparaît avec une magnitude de 3,43. Son type spectral est B9 V. C'est comme la précédente ou Altaïr une étoile à rotation rapide. A noter que l'étoile est située à proximité de plusieurs objets intéressants tels que la nébuleuse annulaire NGC 6751 (voir ci-dessous), la variable rouge (type N) V Aquila, la double 15 Aql et l'agrégat brillant de l'Ecu.


Alshain, située à 42 années-lumière, est de magnitude 3,90 et de type G8 IV. Il s'agit d'une étoile avec une température de surface légèrement plus faible que celle du Soleil, mais un éclat 4 fois supérieur. On l'utilise souvent comme étoile de comparaison lors de l'étude des variations de Eta Aql (ci-dessous). C'est aussi une étoile double visuelle difficile à observer (télescope) : la secondaire situé à 12,8" environ, est une naine rouge 300 fois moins lumineuse que le Soleil de type M3. La période de révolution, inconnue, pourrait être de l'ordre de plusieurs siècles, voire de un à deux millénaires.


Tarazed = Reda est une étoile géante de type spectral K3 II. D'une magnitude absolue de -3,03, elle est mille fois plus lumineuse que le Soleil, mais nous apparaît seulement de magnitude 2,72. Distance : 500 années-lumière. C'est une étoile double dont le compagnon, de magnitude 10,80, se trouve à 2' d'écart. Tarazed, située en bordure de Grand rift de la Voie lactée peut aussi fournir un repère pour observer le nuage sombre B142/43, situé 1 degré et demi de là en direction de z.


Sigma Aquilae, composée de trois étoiles, est une binaire à éclipses de la famille ellipsoïdale des lyrides (bêta de la Lyre) dont les faibles variations ont été découvertes en 1912 au mont Wilson. Période : 47 heures, variation de magnitude : de 5,20 à 5,40. Le troisième élément, de magnitude 11,80, se trouve à 47" d'écart. Les deux étoiles sont de type B3 V (parfois la secondaire est classée B4) leurs diamètres sont environ 3.7 fois celui du Soleil, luminosité 440 et 275 fois le soleil, masse entre 6 et 7 soleils. Orbites pratiquement circulaire parcourue en 1,95 jours. Ces étoiles sont situées à 950 années-lumière de nous.


Eta Aquilae dont les variations ont été découvertes par Pigott en 1784 est une céphéide, c'est-à-dire une étoile variable à pulsations de la famille de Delta Cephei (Céphée). Sa magnitude évolue entre 3,70 (F6) et 4,40 (G4) sur une période de 7 jours 4 heures. C'est après Delta Cephei et Polaris, la troisième étoile de ce type par son éclat apparent. On peut facilement observer les variations par comparaison avec Alshain. Distance : 1100 années-lumière. Caractéristiques spectrales en font une Ib supergéante, soit brillante en moyenne comme 2800 soleils, 4000 au maximum de luminosité. Diamètre entre 70 et 80 fois celui du Soleil. La courbe de lumière montre une "bosse " dans la phase descendante, qui correspond à un arrêt de l'évolution de la luminosité pendant une petite dizaine d'heures. Assez courante dans les étoiles pulsantes dont la période se situe ente 7 et dix jours, cette caractéristique se retrouve en particulier chez W Geminorum (Gémeaux), S Sagittae (Flèche) et S Muscae (Mouche). On l'attribue à la présence de plusieurs pulsations de même période mais de forme différente et affectant diverses couches de l'enveloppe de ces étoiles.


R Aquilae, connue depuis 1856, est une géante rouge très froide (pour une étoile!) variable du type de Mira Ceti (Baleine), située à 600 années-lumière (estime-t-on) dans le Grand Rift de la Voie Lactée. Le rouge s'accentue lorsque l'éclat diminue. Sa magnitude évolue entre 5,10 (visible à l'oeil nu) (M5e, 2350 K) et 12 (M8e 1890 K) sur une période de dix mois. La variation d'éclat est de 6 magnitudes, mais au total, seulement de 0,9. L'énergie se reporte sur d'autres longueurs d'ondes (IR). Il existe une modulation de la période de 80 ans pendant laquelle la période varie entre 350 et 300 jours. Autres cas connus : R Hydrae (Hydre) et R Centauri (Centaure). Peut-être des ajustements de structure. Un flare radio a été observé le 8 octobre 1973. Au maximum l'étoile est 200 fois plu brillante que le Soleil.


NGC 6760 est un amas globulaire de magnitude 9,55. D'un diamètre apparent de l'ordre de 2', sa distance est estimée à 70 000 années lumière.


Dans cette région traversée par la Voie Lactée, les amas ouverts sont nombreux :

NGC 6709 est un amas ouvert riche d'une quarantaine d'étoiles. Sa distance est estimée à 3000 années-lumière. Magnitude 6,70.


NGC 6738 est un modeste amas ouvert de magnitude 8,30.


NGC 6755 est un amas ouvert révélant une centaine d'étoiles dans un petit télescope. Sa magnitude est de 7,50 et sa distance de 5000 années-lumière.


NGC 6756 est un bel amas ouvert très concentré de magnitude 10,60 situé à 4900 années-lumière.


NGC 6741 est une nébuleuse planétaire de magnitude 10,80. Son étoile centrale est de magnitude 16.

NGC 6751 est une nébuleuse planétaire située à 6500 années-lumière de la Terre. Son diamètre est de moins d'une année-lumière (environ 600 fois les dimensions du Système solaire).

NGC 6790 est une nébuleuse planétaire de magnitude 10,20, dont l'enveloppe a une vitesse d'expansion de 40 km/s. L'étoile centrale est de magnitude 10,50.


NGC 6804 est une petite nébuleuse planétaire de magnitude 11,30, son diamètre angulaire est équivalent à celui de Jupiter lorsque la planète est au plus loin de nous. Son étoile centrale est de magnitude 14.

 

Curiosités Deux novae ont été observées dans la constellation. A l'ouest, l'endroit où a explosé la Nova de 1918 = V 603 Aql. Un objet situé à un millier d'années-lumière et qui a atteint pendant quelques jours la magnitude apparente de Sirius (440 000 fois l'éclat du Soleil, un éclat multiplié par 100 000 en une semaine. La plus brillante en 300 ans. Première observation, le 8 juin 1918 de première magnitude. Mais des examens de plaques photographiques prises au cours des nuits précédentes montrent que l'objet avait une magnitude de 11, le 3 juin, puis de 6 (visibilité à l'oeil nu) le 7, avec le maximum atteint le 9. L'éclat est rapidement retombé : quatrième magnitude fin juin, et magnitude 6 en mars de l'année suivante. L'explosion a propulsé une coquille de gaz à 2000 km/s, observées quelques mois plus tard. Une nébuleuses planétaire s'est formée puis s'est dissipée après quelques années. Aujourd'hui l'objet est une étoile bleue de magnitude 12 (éclat absolu 2 fois celui du Soleil).


GRS 1915+105 est un microquasar (trou noir en interaction avec une étoile proche), situé à 40 000 années-lumière de nous, qui recrache le long de jets, et avec une grande régularité, la matière qu'il arrache à sa compagne, à la manière d'un geyser. Il a été particulièrement étudié par Felix Mirabel et Luis Rodriguez, qui au cours du printemps 1994, en ont produit une étonnante série d'images montrant cette éjection de gaz. La vitesse apparente d'éjection s'est avérée supérieure à celle de la lumière. En fait ce déplacement superluminique est un simple effet relativiste, que l'on avait déjà mis en évidence avec des éjections de gaz par des quasars lointains. Ici, c'était la première fois que le phénomène était constaté dans notre propre Galaxie.


L'Aigle renferme également l'objet SS 433, de magnitude 14 et situé à 15 000 années-lumière de la Terre. Il s'agit d'une binaire X, assez comparable à l'objet précédent, avec des jets de gaz à haute vitesse (26% de la vitesse de la lumière) sont expulsés par ce système. Les phénomènes observés impliquent cependant des énergies moindres.









Le tableau ci-dessous donne les coordonnées (époque J2000,0) des objets du ciel profond mentionnés dans cette page :















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