On se fourvoierait si, se fiant à sa forme ou à son nom, on voulait faire de la Petite Ourse une sorte de modèle réduit de la Grande Ourse. Ces deux constellations ont bien peu en commun en réalité. La Petite Ourse n'occupe qu'une place modeste dans le ciel et ne doit sa réputation qu'à une seule caractéristique : son étoile la plus brillante se trouve à moins de 1° du pôle nord céleste.
En tant que la plus proche du pôle, l'étoile polaire n'a, d'ailleurs, pas toujours été et ne sera pas toujours la même. A raison, en effet, du phénomène de la précession, sa distance au pôle varie. Elle en sera au plus près, en 2105, à 26'30". Puis, pendant 13 000 ans environ, le pôle s'éloignera d'elle jusqu'à s'en trouver à 46°, et elle s'en rapprochera ensuite à nouveau, de façon à revenir à ses positions premières après un cycle de 25 765 ans. Il y a quarante-six siècles, en l'an 2700 avant notre ère, c'était Alpha du Dragon qui était l'étoile polaire, et elle était célèbre sous ce nom en Chine et en Égypte. On notera à ce sujet que lorsqu'on lit que le couloir principal de la grande pyramide est orienté approximativement vers l'étoile polaire, c'est bien de l'étoile polaire d'aujourd'hui (Polaris) qu'il s'agit, et non pas vers Alpha du Dragon, comme on le lit aussi parfois. La grande pyramide est fixe par rapport à notre planète, et c'est en direction de son pôle céleste qu'elle est en fait orientée, pas vers telle ou telle étoile...
Le pôle passa ensuite près d'iota du Dragon (magnitude 5), puis entre Bêta de la Petite Ourse et Kappa du Dragon, et vers 800 ap. J.-C., près d'une toute petite étoile double de la Girafe. Notre étoile polaire actuelle a pris ce nom aux environs de l'an 1000. Elle le devra céder en l'an 4000 à gamma de Céphée, en l'an 7 500 à Alpha de Céphée, en l'an 10000 à Alpha du Cygne, en l'an 13 500 et pour trois mille ans environ à Véga de la Lyre, l'astre le plus éclatant de l'hémisphère nord.
Le ciel austral n'a aucune étoile polaire digne de ce nom, car Bêta de l'Hydre mâle, qu'on désigne souvent par l'appellation de Polaire du sud, est à 11° du pôle. L'étoile visible à l'ail nu, la plus proche du pôle sud, est en réalité une étoile de magnitude six, Sigma de l'Octant, qui n'en est distante que de 44' 42" et qui s'en éloigne d'environ 5" par an.
Ses deux autres étoiles notables, Kochab (ou Kocab) et Pherkad se situent respectivement à 130 et 500 années-lumière. La première est de magnitude apparente 2,07 et brille comme 190 soleils (magnitude absolue : -0,87), la seconde est de magnitude apparente 3 et de magnitude absolue -2,84 (mille soleils).
Polaris = Cynosura (la tête du Chien), est un système multiple situé à 430 années-lumière. C'est une une binaire physique, révélée par la spectroscopie, dont la période de révolution est de 29,6 ans. C'est aussi une double optique. Son faux compagnon se trouve à 18,3" et est de magnitude 9.
La principale composante du couple physique, Polaris A est d'une magnitude absolue d'environ -3,64 (la luminosité de 2000 soleils). C'est (ou c'était?) une étoile variable classée parmi les Céphéides, des étoiles sensiblement plus massives et chaudes que notre Soleil traversant un bref stade d'instabilité au cours de leur évolution tardive (l'étoile qui donne son nom à cette famille de variables est Delta de Céphée). Pendant longtemps on a ainsi constaté de faibles variations de luminosité de la Polaire oscillant entre les magnitudes 1,95 et 2,05 en quatre jours. Mais l'amplitude de ces oscillations s'est mise à diminuer au cours des dernières décennies.
A la fin du XIXe siècle, la variation se situait autour d'un dixième de magnitude; mais en 1983 elle n'était plus que de 0,05 magnitudes et, en 1992, les dernières mesures ne révélaient plus qu'une variation de 0,01 magnitude.
Depuis quelques années, elles ne sont plus perceptibles. L'étoile a-t-elle cessé soudain d'être une Céphéide? Douteux. S'est-elle mise temporairement en sommeil? Peut-être, mais alors comment expliquer ce phénomène? Polaris appartient à un groupe de céphéides de faible amplitude (moins de 0,5 magnitudes), dont la courbe de lumière est pratiquement sinusoïdale, contrairement à celle, asymétrique, des céphéides ordinaires. Or il s'avère que ces étoiles sont souvent, comme la Polaire, des binaires spectroscopiques. Peut-être alors faut-il invoquer dans cette atténuation puis pratiquement disparition des pulsations un rôle modérateur de cette étoile très proche.
La galaxie spirale barrée NGC 6217 (coordonnées : 16h 32mn 29s, 78° 11' 48") ne sera mentionnée que pour mémoire. Elle est assez faible (magnitude 12,10). On l'observe de 3/4.
NGC 6217. Source : The STScI Digitized Sky Survey; compositage : Imago Mundi, © 2011
Curiosité
La constellation contient le point d'origine apparent (radiant) des étoiles filantes de l'essaim des ursides, qui est associé à la comète Tuttle. Celles-ci peuvent s'observer vers le 23 décembre. Leur ZHR est cependant faible (autour de 10 en moyenne).